Login

Upra Prim'holstein France Les désaccords entre collèges éclatent au grand jour

Quel avenir pour l'Upra Prim'holstein et son service élaboré après le vote de la loi d'orientation agricole (Loa) ? Le sujet a clairement mis sur la place publique le désaccord entre les collèges de l'Upra. Avec de vifs échanges ce mercredi 25 janvier 2006, lors de la première des 10 assemblées de secteur exceptionnelles de Prim'holstein France.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

 


Bruno Bechet, président de Prim'holstein France : « Jusqu’à aujourd’hui, nous avions souhaité la confidentialité des débats, en espérant que cela amène de la sérénité. Devant l’impasse où nous nous trouvons, nous avons choisi d’informer tous les adhérents avant la prochaine assemblée générale à travers les assemblées de secteur. »
(© Photos Jean-Luc Démas)

1

20 à 130 personnes se sont retrouvées ce matin, mercredi 25 janvier à Brouay, entre Bayeux et Caen, pour la première des 10 assemblées de secteur de l’Upra Prim’holstein France. Au programme : visite d’élevage axée sur le regroupement d’exploitation le matin. Puis repas en commun et assemblée en salle. L’après-midi a été consacré à l’assemblée statutaire proprement dite, vite évacuée pour céder la place à une présentation et à un débat sur Prim’holstein France.

Nouvelle donne

Avant que le président Bruno Bechet présente les propositions d’évolutions de Prim’holstein France (Phf),  Sylvie Garreau, directrice de Prim’holstein France, faisait un rappel sur le « bilan favorable de la loi sur l’élevage de 1966 » et rappelait le désenchaînement croissant de l’État dans de nombreux dossiers agricole, dont celui de la génétique, avec la volonté d'en confier le pilotage aux professionnels. C’est l’objet de la nouvelle Loi d’orientation agricole (Loa), voté à l’assemblée nationale le 18 octobre dernier, et au Sénat, le 9 novembre. Nous en sommes aujourd’hui aux projets d’ordonnances pour l’application de cette loi qui va vraisemblablement entrer en application par étapes successives. Il est question du 1er janvier 2007 pour la fin du monopôle de zone dans l’insémination artificielle bovine, mais du 1er janvier 2008 pour ce qui concerne les contrôles de performances.


Sylvie Garreau présente les chiffres 2005 et fait le bilan des discussions menées l’an passé avant de passer la parole à Bruno Bechet, président de Prim'holstein France. (© JLD)

Quelques chiffres Upra Prim'holstein France pour 2005

  • Adhérents service élaboré au 31/12/2005 : 8.267 (-171)
  • Animaux exportés : 19.484 (+1.228) dont 4.752 par Genes Diffusion et 2.772 par Génisses Bretagne
  • Pays destinataires : Espagne (23,5& %), Portugal (23,9 %), Maroc (22 %), Algérie (11,4 %)...

 

Les Upra(s) sont aussi concernées par ces évolutions, la Loa prévoyant, pour chaque race, un Organisme de sélection (OS), agréé pour une durée déterminée, qui définira les objectifs de élection et assurera la tenue du livre généalogique. Normalement, les Upra en place devraient muter en OS avec des aménagements dans le mode de fonctionnement ou dans les services offerts.

Coup de tonnerre le 19 avril 2005

Suivant les races, la gestion de ces évolutions se passe plus ou moins bien. En Prim’holstein, il existe une situation conflictuelle récurrente entre le premier collège, celui dit du service élaboré, et le second, celui des unités de sélection. Relation qui ont conduit l’Etat, en 2002/03, a nommé un médiateur, M. Dassonville, ingénieur général du Gref, qui a remis son rapport sur le fonctionnement politique de Prim’holstein France, mi-2004. S’en sont suivies différentes réunions de travail, « plutôt constructives », souligne Sylvie Garreau, « puisque même Vincent Rétif, vice président, représentant des unités de sélection, avait souligné le bon avancement de nos travaux en réunion lors de l’assemblée générale 2005, juste avant l’intervention du conseiller du Ministre de l’agriculture ».

Mais, lors du conseil d’administration du 19 avril 2005, en fin de journée, alors que Bruno Bechet venait de succéder à Daniel Beugnon à la présidence de l’Upra Prim’holstein, (et accessoirement jour de l’élection du nouveau pape !), « l’Unceia annonçait son retrait de Prim’holstein France dans un communiqué qui selon toute vraisemblance avait été rédigé la veille ! Un véritable coup de tonnerre. Nous ne nous y attendions vraiment pas. » Drôle d’entrée en la matière pour Bruno Bechet « qui s’est ensuite employé à faire en sorte que la discussion puisse toujours avoir lieu » poursuit Sylvie Garreau, dans sa présentation des discussions qui ont eu lieu en 2005.

 


Une assistance attentive. (© JLD)

 

Pour déloquer la situation, un groupe de travail de 12 administrateurs (uniquement des professionnels) est mis sur pied le 22 juin. Il se réunira 4 fois, tenu aussi à la plus grande confidentialité. Son but, faire des propositions pour l’évolution de Prim’holstein et sa mise en conformation avec la nouvelle donne politique.

Les points où l’accord est possible

Le président Bechet prend ensuite le relais lors de cette exposé pour présenter les résultats de ces travaux et les propositions de chacun des deux collèges, là où il y a divergence. Sur l’organisation du futur OS, il est rapidement apparu la nécessité de le répartir dans deux structures distinctes : une pour ce qui concerne les missions dites régaliennes (règlementaire) et l’autre, l’actuel service élaboré (service aux éleveurs) qui deviendrait une association d’éleveurs indépendante.

Sur le fonctionnement politique, un accord semble trouvé pour que le nombre d’administrateurs de l’OS passe de 38 (actuellement) à 24, avec une répartition par tiers : 8 pour les entreprises de sélection, 8 pour l’association d’éleveurs (dont 2 représentants des syndicats de races départementaux) et 8 pour le contrôle laitier, les Ede, la filière... « C’est un gros changement, une véritable concession que nous avons faite » souligne Bruno Bechet. Sur l’aspect siège social, le premier collège souhaite garder Saint-Sylvain d’Anjou, « par souci d’économie. Il est existant et il y a la place », alors que les unités de sélection pencheraient pour Paris.

Il y aurait accord entre le premier et le second collège pour que le livre généalogique soit « sous-traité » par l’OS à l’association d’éleveurs. De même pour que l'OS soit décisionnaire dans les choix d’orientation de la race.

Un des points restant à éclaircir : la promotion générique. Selon Bruno Bechet, « c’est celui à qui elle profite qui doit l’assumer ».

Pierre d’achoppement : la collecte des données de morphologie


Jean Crosville, représentant des unité de sélection, faisait partie du groupe des 12 professionnels qui ont travaillé sur des propositions d’évolution de Prim'holstein France durant le second semestre 2006. « Nous sommes tous éleveurs et sincèrement, devant un tel climat je ne sais plus quoi faire » dira-t-il, alors que le débat montrait au grand jour l'ambiance de travail qui prévaut dès que l'on touche les dossiers politiques au sein de Phf  (© JLD)

 

Le point qui motive aujourd’hui la montée au créneau du  président Bechet et de sa directrice est la collecte des données de morphologie. « Les unités de sélection veulent proposer, après un moratoire de deux ans, un service de classification à tous les éleveurs, soit-disant dans un souci de vulgarisation. C’est à coup sûr la mort annoncée de l’association d’éleveurs que nous mettrions sur pieds. Sans cette garantie de collecte des données de morphologie, il sera impossible d’assurer la pérennité de la structure », assure l’actuel président de Phf. «  Et quelle objectivité, qu’elle neutralité garantiront-elles ? »

Le tout sur un ton ferme, et parfois agressif de Sylvie Garreau, si bien que dès le début du débat qui a suivi,  Jacques Cocquelin, président d’Agire, « regrettait ce véritable réquisitoire et le ton donné par madame la directrice ». La situation conflictuelle qui semble prévaloir depuis quelques années au sein du conseil de Phf était palpable pour l’ensemble de l’assistance. Pour M. Cocquelin, « il faut qu’un maximum d’éleveurs puissent accéder à la classification, avec le coût le plus bas possible, et nous sommes d’accord pour que cela se passe sous l’autorité de l’OS. Il ne faut pas oublier que d’autres opérateurs pourront venir demain, même de l’étranger, mais notre souci est que tout ce monde opère sous l’autorité de l’OS. »


Avec le dossier Phf, Vincent Andrieu, président de France Contrôle laitier s'est demandé "dans quelle galère il était tombé", et a été plongé dans une ambiance qu'il ne semble pas connaitre dans son organisation. Appelé à donner son avis après le rapport Dassonville, il a mis un certain temps avant de trouver ses marques, ce qui a fait regretter Bruno Bechet "le manque de soutien du Contrôle Laitier".
Pour M. Andrieu, "alors que la réglementation européenne prévoit la possibilité de plusieurs OS par pays, notre volonté est qu'il n'y en ait qu'un seul en France. Nous ne gagnerions a en avoir plusieurs par rapport à l'image à l'étranger" (© JLD)

 

Ont suivi des échanges très fermes entre les différents protagonistes devant une salle acquise aux positions développées par Bruno Bechet pour qui une chose semble sûre : « Nous ne signerons rien qui nous conduirait vers la fin assurée de notre association. »

Il reprend son baton de pèlerin pour dès demain jeudi, présenter sa vision de la situation aux éleveurs des autres régions. Encore 9 autres assemblées de secteur de ce type...

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement